mercredi 26 octobre 2011

Entretien avec un Vampire (1994) de Neil Jordan

Note : 3,5 sur 5


Un vampire offre à un journaliste un témoignage d’un autre temps, le portrait d’un tempérament romantique, de ce romantisme très en vogue au XIXe siècle, torturé, passionné, rêveur, nostalgique, blessé, décadent, assoiffé, poursuivi par une culpabilité exacerbée, représenté par le personnage de Louis, incarné par un Brad Pitt inspiré au point d’en être émouvant et troublant.


Quelqu’un m’a dit trouver ce film ennuyeux, parce qu’il enchaîne les scènes similaires, du genre « Je mords, tu suces, elle mords, nous suçons ». Mais chaque scène de repas sanguinaire s’inscrit dans une progression dramatique qui se justifie dans les relations entre les personnages. Il y a toujours un duel psychologique entre deux vampires, surtout entre Lestat et Louis. Pour chaque nouvelle provocation, Lestat va même de plus en plus loin.


Les thèmes du roman sont développés de manière intéressante :

- Le prédateur qui choisit d’assumer (Lestat) ou de subir (Louis) sa condition.

- Le décalage flagrant entre la vision humaine et la vision vampirique de la Vie et de la Mort. Ce thème est même théâtralement mis en scène par la troupe de vampires parisiens menée par Armand.

- Qu’est-ce qu’être un vampire ? Qu’est-ce qui définit un humain ?

Etc.


Louis le vampire vit sa condition comme une malédiction, voire une damnation. Alors il s’accroche à tout ce qu’il considère comme étant exclusivement humain et contraire à la nature du vampire. Mais il n’a que l’orgueilleux Lestat comme modèle, ce qui est limité. Après il en rencontre d’autres, notamment Armand, et se rend compte qu’il est aussi complexe d’essayer de connaître la nature vampire que la nature humaine.


Le personnage de Lestat est un parfait contrepoint à celui de Louis. Lestat est fier de sa nature, il la revendique, égoïstement, c’est un épicurien impulsif, sans regret. Tom Cruise incarne véritablement l’un de ses meilleurs rôles (et il en a de très mauvais).


Petit bémol toutefois : certains échanges philosophiques sont assez difficiles à suivre, notamment ceux entre Louis et Armand.


Même si les souffrances intérieures de Louis semblent appartenir à un autre temps, elles résonnent en moi comme un écho des réflexions profondes qui me perturbent depuis longtemps et qui expliquent pourquoi les vampires me fascinent autant.

Je me suis surpris à envier la désinvolture de Lestat ; et je crois que c’est aussi le cas de Louis. Vous aussi, il vous est sûrement arrivé d’envier la personnalité de quelqu’un, parce que sa nature diffère de la vôtre. Troublant, n’est-ce pas ?

2 commentaires:

Vampire a dit…

Un vrai bon film de vampires, avec un casting incroyable, très bien dirigé, pour au final une adaptation fidèle du roman d'Anne Rice.

L'auteur, un temps refroidi par la présence de Cruise dans la peau de Lestat, c'est après coup excusé personnellement auprès de l'acteur, devant sa performance.

Un film qui démontre une fois de plus que les meilleurs films de vampires ont été réalisés par des néophytes du giron fantastique, ou tout du moins des réalisateurs qui ne sont pas cloitrés dans le genre.

Ma chronique du Entretien avec un vampire de Neil Jordan

Laetitia a dit…

C'est un bon film de vampire, abordant le sujet sans en faire des monstres laids à outrance.
Il est vrai que Tom Cruise à l'affiche ne m'inspirait pas vraiment, car j'avais l'habitude de le voir dans des rôles drôles et romantiques (Top Gun, Legend, Cocktail). Je me demandais s'il pouvait être crédible en vampire égoïste et narcissique. On se demande même s'il n'a pas une once de générosité car malgré tout il propose à Louis de choisir entre une mort quasi immédiate et une vie éternellement compliquée.
Enfin un film que j'ai bien aimé et que j'apprécierai de revoir aujourd'hui.