Note : 3,5 sur 5
Un vampire offre à un journaliste un témoignage d’un autre temps, le portrait d’un tempérament romantique, de ce romantisme très en vogue au XIXe siècle, torturé, passionné, rêveur, nostalgique, blessé, décadent, assoiffé, poursuivi par une culpabilité exacerbée, représenté par le personnage de Louis, incarné par un Brad Pitt inspiré au point d’en être émouvant et troublant.
Quelqu’un m’a dit trouver ce film ennuyeux, parce qu’il enchaîne les scènes similaires, du genre « Je mords, tu suces, elle mords, nous suçons ». Mais chaque scène de repas sanguinaire s’inscrit dans une progression dramatique qui se justifie dans les relations entre les personnages. Il y a toujours un duel psychologique entre deux vampires, surtout entre Lestat et Louis. Pour chaque nouvelle provocation, Lestat va même de plus en plus loin.
Les thèmes du roman sont développés de manière intéressante :
- Le prédateur qui choisit d’assumer (Lestat) ou de subir (Louis) sa condition.
- Le décalage flagrant entre la vision humaine et la vision vampirique de la Vie et de la Mort. Ce thème est même théâtralement mis en scène par la troupe de vampires parisiens menée par Armand.
- Qu’est-ce qu’être un vampire ? Qu’est-ce qui définit un humain ?
Etc.
Louis le vampire vit sa condition comme une malédiction, voire une damnation. Alors il s’accroche à tout ce qu’il considère comme étant exclusivement humain et contraire à la nature du vampire. Mais il n’a que l’orgueilleux Lestat comme modèle, ce qui est limité. Après il en rencontre d’autres, notamment Armand, et se rend compte qu’il est aussi complexe d’essayer de connaître la nature vampire que la nature humaine.
Le personnage de Lestat est un parfait contrepoint à celui de Louis. Lestat est fier de sa nature, il la revendique, égoïstement, c’est un épicurien impulsif, sans regret. Tom Cruise incarne véritablement l’un de ses meilleurs rôles (et il en a de très mauvais).
Petit bémol toutefois : certains échanges philosophiques sont assez difficiles à suivre, notamment ceux entre Louis et Armand.
Même si les souffrances intérieures de Louis semblent appartenir à un autre temps, elles résonnent en moi comme un écho des réflexions profondes qui me perturbent depuis longtemps et qui expliquent pourquoi les vampires me fascinent autant.
Je me suis surpris à envier la désinvolture de Lestat ; et je crois que c’est aussi le cas de Louis. Vous aussi, il vous est sûrement arrivé d’envier la personnalité de quelqu’un, parce que sa nature diffère de la vôtre. Troublant, n’est-ce pas ?