Je suis content ! Ha ! Ha ! J'ai trouvé du travail. Du travail… bénévole. Ah ! ben, rémunéré, je pouvais toujours attendre.
Il y a 6 mois j'avais postulé pour une place dans une grande entreprise, ils cherchaient un technicien. Un boulot où il faut être un peu diplômé, mais pas trop quand même, sans ça ils vous refusent. Alors j'ai postulé pour cette place et au bout d'un mois sans nouvelle, je suis allé demander à l'ANPE ce qui se passait. Ils m'ont répondu que l'entreprise était en plein déménagement et qu'y z'avaient pas eu le temps de regarder les candidatures. Bon. Au bout du deuxième mois, j'ai appris qu'y z'avaient toujours pas eu le temps parce qu'y z'étaient en vacances. Au troisième mois, y z'étaient toujours en vacances. Au quatrième mois, y se remettaient des vacances. Quand au cinquième mois, on m'a dit qu'y z'avaient perdu mon dossier, j'ai cherché ailleurs.
Et alors là, eurêka ! J'ai trouvé ! Je travaille pour une association humanitaire. Association parce que c'est un groupe de gens qui travaille pour gagner que dalle, humanitaire parce qu'ils travaillent pour aider des gens qui ne peuvent pas s'aider eux-mêmes.
Et je dois dire que dans cette assoc', je suis assez fier de mon poste : je suis polyvalent. Plusieurs talents : poly-valent. C'est-à-dire que je sais tout faire. Enfin, beaucoup de choses. Enfin, je fais tout ce que les autres ne veulent pas faire. Je balaye les locaux, je fais la plonge, je classe les dossiers, je balaye les locaux, je nettoie les vitres, je fais le chauffeur, je nettoie les locaux. Ah ! je n''ai pas à me plaindre. Je ne peux pas dire que j'ai le temps de m'ennuyer. Logé, nourri, exploité. Que demander de plus ?
Et le soir, je couche avec Bertrand, le cuistot. Attention, j'ai dit : je couche avec, c'est-à-dire qu'on dort dans le même lit. Ah ! mais on s'est organisé. Chacun son coin de lit. Lui, il dort dedans et moi à côté, par terre, sur la descente de lit. C'est vrai qu'au début je lui ai bien proposé d'alterner, hein ! Chaque nuit on échange notre place, vous voyez ? Mais quand j'ai commencé à saigner du nez, j'ai arrêté de demander. Ah ! mais c'est qu'il ne rigole pas Bertrand. Je vous assure qu'après avoir été obligé de mettre ma tête dans un seau à glace pendant une semaine, ça m'a rendu plus discret. C'est que Bertrand, il prévient une fois, après il frappe, à la tête. Remarquez, c'est normal, c'est bien le seul endroit chez lui où il ne risque pas de se passer quelque chose. Et puis, il n'est pas question de discuter quand il a donné un ordre. Enfin… disons plutôt quand il a hurlé un ordre. Le truc c'est d'obéir au quart de tour. Et sans protester. Le dernier qui a essayé il est encore dans la chapelle, les bras en croix. Cloué sur place. On peut aller le visiter.
Bon allez j'arrête de vous parler de Bertrand, sinon vous allez croire que j'ai une dent contre lui. Alors que non. Ça fait longtemps que je n'en ai plus. Ce que j'ai dans la bouche, c'est un dentier, un dentier de la dernière génération des dentiers ultra-adhérents-que-ça-vous-tient-les-gencives-comme-des-vraies. J'allais dire une dentier dernier cri, mais ça me rappelle chaque fois que j'en ai perdu une. Alors une fois que j'étais sûr que je n'en n'avais plus, je suis allé voir Bertrand et je lui ai donné son lot. Ah ! ben, dites, c'est normal, c'est comme à la fête foraine : quand on a fait tomber toutes les boîtes en fer, hop ! on gagne un lot. Et Bertrand, il a gagné mes chaussures, qu'il avait d'ailleurs demandé avant… euh… expressément.
Mais je suis content ! L'autre jour, la police est venue arrêter Bertrand pour détention de produits illicites. Illicites ça veut dire qu'on n'a pas le droit de toucher, ni même de consommer. Pour moi, c'est les femmes qui sont illicites, Bertrand lui c'est le… la… une espèce de plante qu'il faisait pousser sur le balcon de l'immeuble, celui de l'association. Enfin, bref, ils l'ont arrêté. Il en a pris pour très longtemps. Au départ c'était moins, mais quand il a fallu emmener les premiers policiers aux urgences, ils ont compris que ça n'allait pas être facile. Et puis au passage, il leur a balancé toute sa culture : des expressions très… vigoureuse et très imagées, qui a très fâché les gentils policiers. Je vous épargne les détails parce que je n''ai pas vraiment tout retenu, mais sans ça, je vous aurais fait profité de son niveau intellectuel.
Depuis je suis venu lui rendre visite une fois à la prison. Il n'était pas content de me voir, mais tant pis. Au début, il a gueulé, mais quand il a commencé à saigner du nez, il a aussi commencé à se taire. Le gardien est un copain.
Alors que ses yeux m'insultaient en silence (oui, au début ça m'a étonné aussi, mais j'ai bien perçu une vie dans ses yeux, violente d'accord, primaire si vous voulez, mais une vie, comme une vie intérieure ; mais sans la profondeur, hein ! Bertrand c'est un homme de surface) donc, je disais, alors que ses yeux m'insultaient en silence, je me suis penché lentement vers son oreille et j'ai dit : J'AIME BEAUCOUP TA REMPLAÇANTE !
C'est vrai que la nouvelle cuistot, elle est… sympathique. Déjà elle ne frappe pas, ce qui est bien, parce qu'elle pourrait. Et puis elle a un vocabulaire varié… et aussi des plats qui se digèrent. On a enfin l'impression de manger du comestible. Bon, le seul problème c'est qu'on ne couche pas ensemble. Ah ! on ne peut pas tout avoir. Je couche déjà dans un lit, je ne me plains pas. Seul. Ah ! seul dans un lit, mais un lit à moi. Enfin, ce n''est pas vraiment un lit au sens strict du terme. Je vais vous le décrire : il y a un matelas, d'abord… et c'est tout. Restriction de budget. Les autres ils n'ont pas plus que moi, hein ! Bon, à part une couverture. Et un sommier. Et un oreiller. Et un pyjama. Des broutilles, quoi ! Travailler pour une association humanitaire ça demande de faire quelques sacrifices. Et dans cette assoc', c'est moi qui en fait. Chacun son fardeau.
Bertrand, ça lui a fait un choc de savoir qu'on l'avait facilement remplacé. C'est moi qui tenais à lui annoncer personnellement. À ma manière. Dans l'oreille. Fort. Pour qu'au moins une fois ça résonne dans sa tête.
[Un petit délire écrit un jour d'inspiration humoristique.]
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5 commentaires:
T'es pas fou? Au début, j'ai confondu "je narrateur" et "je écrivain"! J'ai failli m"étrangler! "De quoi? Il nettoie les vitres et balaie??? Ca va pas bien?"
Bon, d'accord, une telle erreur, ça craint du boudin... mais quand même! La prochaine fois, la petite phrase de la fin... peut-être serait-elle mieux placée au début de ton laïus!!
Excellent en tout cas... Une fois ma frayeur initiale passée, je me suis régalée! ;0)
J'ai lu ton "délire" en deux fois
la première fois je n'ai lu que le titre et j'ai du partir, là je viens de lire l'intégral... une seule chose à dire : QUE DU BONHEUR !!!
Je me suis demandée jusqu'au bout si "je" était toi ou bien le personnage d'une fiction, le laïus final me rassure...
J'ai véritablement apprécié ton inspiration du moment, à quand la suite ?
Salut, comment vas tu... Merci pour tes comms sur mon blog.. pour ce qui est de mon texte "provocation", je t'en prie si celà te fait plaisir, prends le... il me ressemble énormément... mais c'est normal me diras tu, il est de moi...
Bon j'vais bosser...
surement tu seras là mercredi soir... j'espère qu'on se croisera...
Bisous à mon tendre poète.
ben alors la ce texte là je lé adoré il est trop lol je me suis fendu la poire au début pas trop mais kan G compri ke ce nété kun gros délire je me suis bien maré merci pour ce moment de pure délire...
tytel
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